Mal de crâne ce matin,pas trop la forme. Météo favorable plus doux grisaille ce matin. Je pars avant 9h.

Je reprends la petite départementale qui longe la Meuse à plus ou moins longue distance parfois à flanc de colline. J'ai très vite chaud j'enlève une épaisseur. Je prends un rythme pas trop rapide au vu du mal de tête. Depuis hier je longe une vieille voie de chemin de fer cela ferait une belle piste cyclable...dommage cet abandon!

J'arrive à Doulcon où est mort le peintre et sculpteur Ipousteguy il a réalisé plus de 600 sculptures visibles à travers le monde Copenhague, New York, Washington, Paris, Londres...Le musée n'est pas ouvert. Je continue je suis sur la ligne de front des batailles 14-18 beaucoup de monuments,stèles et panneaux explicatifs ...ces lieux si calmes maintenant ont pourtant connu l'enfer. La route sinue comme la Meuse qui dessine le paysage. De l'eau partout, abondante, débordante...j'avale les km, admirant le paysage , écoutant le son des cloches parfois au loin. J'aime beaucoup...Arrivée sur la voie verte le long du canal de l'est, je pensais pouvoir aller plus vite mais c'est un chemin assez glissant alors je joue la prudence car d'un côté j'ai le canal bien rempli...et de l'autre en contre bas la Meuse qui deborde sur les champs s'emparant des terres, noyant les troncs ...je fatigue je ne me suis quasiment pas arrêtée,petite pause soupe chaude sur une table qui me tend les bras. Il reste 15 à 20km , le chemin devient route. J'entre dans verdun le long des quais.

Après le repas chez Françoise qui m'héberge je vais visiter la citadelle souterraine. Immense citadelle construite en 1552 et conforté par vauban ( il en a fait celui-là) entre 1670 et 1690 c'est Immense. La visite se fait en wagonnet avec un casque de réalité augmentée. J'étais toute seule dans le wagon, dans le noir parfois total, l'humidité des lieux et voilà qu'ils parlent des rats qui vivent là...Aurelie n'aurait pas aimé (elle se reconnaîtra si elleme lit)... nous sommes mis dans la peau d'un poilu. on ressort un peu chamboulé.

Je poursuis la visite de Verdun par la cathédrale, le palais épiscopal, le monument de la victoire et aux soldats...sous le soleil eh oui...tout le monde me prédit de la pluie pendant 4 jours....Belle journée bien remplie 64km.

Aujourd'hui ce n'est pas un lièvre ( comment tu as su Alain qu'il avait une veste à carreaux ? 😉)que j'ai rencontré mais au détour d'un chemin, un héron surpris autant que moi,là au milieu de la voie verte...je ralentis , prends une photo,

il m'observe du coin de son œil, j'approche...et là d'un geste lent il déploie ses ailes et se pose un peu plus loin. Je lui ai trouvé un petit air dédaigneux....

Vous savez comme disait Jean :

Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où,

Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.

Il côtoyait une rivière.

L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;

Ma commère la carpe y faisait mille tours

Avec le brochet son compère.

Le Héron en eût fait aisément son profit :

Tous approchaient du bord, l'oiseau n'avait qu'à prendre ;

Mais il crut mieux faire d'attendre

Qu'il eût un peu plus d'appétit.

Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.

Et montrait un goût dédaigneux

Comme le rat du bon Horace.

Moi des Tanches ? dit-il, moi Héron que je fasse

Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?

La Tanche rebutée il trouva du goujon.

Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un Héron !

J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !

Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon

Qu'il ne vit plus aucun poisson.

La faim le prit, il fut tout heureux et tout aise

De rencontrer un limaçon.

Ne soyons pas si difficiles :

Les plus accommodants ce sont les plus habiles :

On hasarde de perdre en voulant trop gagner,

Gardez-vous de rien dédaigner ;

Surtout quand vous avez à peu près votre compte.

Bien des gens y sont pris ; ce n'est pas aux Hérons

Que je parle ; écoutez, humains, un autre conte ;

Vous verrez que chez vous j'ai puisé ces leçons.


Jean de La Fontaine, Les fables de La Fontaine,

Bises